30 mars 20202 Min

đŸ‘‹đŸ‘‹đŸ€žFINEMENT CON💭 — 12

Mis Ă  jour : 27 avr. 2020

Jour — 12⏱

Par ClĂ©ment 🩋
 

Parce que sa fragilitĂ© est rĂ©ellement sa plus grande force, je vous prĂ©sente aujourd’hui :

Steven Cohen — Chandelier (to bring to light)

Le travail du Sud-Africain Steven Cohen met en exergue la pluralitĂ© de l’identitĂ© face aux normes, tabous et idĂ©aux des sociĂ©tĂ©s. Il se dĂ©finit lui mĂȘme comme blanc, mĂąle, juif et homosexuel.

Costume raffinĂ©, maquillage sophistiquĂ©, marche et mouvements dĂ©licats sont les maĂźtres mots de ses performances. L’idĂ©e c’est de choquer pour rĂ©vĂ©ler les failles et pour tenter d’éclaircir ce monde enfoui sous les couches de la fausse biensĂ©ance.

Quand il se recouvre le visage de maquillage, il dit qu’il met son masque uniquement pour cacher sa peur. Car oui, ce que fait Steven Cohen, c’est prendre des risques. Et ça lui fait peur. Ces actes ne sont pas plaisant Ă  faire, mais il se sent obligĂ© de les faire. Car son rĂȘve, c’est que les personnes queer naissent dans un monde qui est aussi construit pour elles. Être queer, c’est ce qui le rend diffĂ©rent, mais diffĂ©rent au mĂȘme titre que l’autre est diffĂ©rent. Et tant que cette sociĂ©tĂ© n’advient pas, il continuera Ă  se mener la vie dure.🌈✊

Dans la performance Chandelier, Steven Cohen marche dans un townships (quartiers pauvres et sous Ă©quipĂ©s rĂ©servĂ©s au non-blanc) de Johannesburg (Afrique du Sud) en train d’ĂȘtre dĂ©truit par des employĂ©s municipaux et vĂȘtu d’un chandelier-tutu clinquant, de talons noirs trĂšs hauts et d’un maquillage arborant l’étoile juive. âœĄïž

Ici, dans un pays encore marquĂ© par l’Apartheid, l’artiste crĂ©e un complet contraste entre son identitĂ© et l’espace oĂč il dĂ©ambule. Il vient littĂ©ralement mettre en lumiĂšre les endroits dĂ©favorisĂ©s et privĂ©s parfois d’électricitĂ© par une provocation douce. Prompt aux dĂ©sĂ©quilibres, il met en avant la fragilitĂ© et le danger de son action en venant sublimer la douleur sociale. Le corps comme symbole de l’ĂȘtre devient alors un marqueur politique puissant. C’est l’ultime Ă©preuve de la tolĂ©rance sur la sociĂ©tĂ©.

Aussi, l’action de la marche, aussi simple paraĂźt-elle, ne l’est pas. L’artiste dit que c’est "spectaculaire". C’est ce qui nous dĂ©finit en tant qu’humain. Le simple fait de marcher devient une danse qui cĂ©lĂšbre le fait d’ĂȘtre en vie. Dans chacune de ses performances, il explore diffĂ©rentes maniĂšres de marcher Ă  partir de trois Ă©lĂ©ments : la hauteur, le poids et le fait de marcher seul.đŸš¶â€â™‚ïž

Et si l’on pourrait croire que le costume est ce qu’il y a de plus important dans ses performances, il vous rĂ©pondra le contraire : pour lui, ce n’est pas ce qu’on porte qui est important, mais c’est ce qu’on enlĂšve.
 

Les oeuvres de Steven Cohen subliment les violences et les contradictions de nos sociĂ©tĂ©s par la beautĂ© et la dĂ©licatesse. Elles sont douloureuses Ă  regarder tout autant que magnifiques car elles transcendent toutes les barriĂšres liĂ©es Ă  son identitĂ©. Il espĂšre que ses oeuvre sĂšment des graines de conscience dans l’optique d’une (r)Ă©volution.