Jour â 12â±
Par ClĂ©ment đŠ
Parce que sa fragilitĂ© est rĂ©ellement sa plus grande force, je vous prĂ©sente aujourdâhui :
Steven Cohen â Chandelier (to bring to light)
Le travail du Sud-Africain Steven Cohen met en exergue la pluralitĂ© de lâidentitĂ© face aux normes, tabous et idĂ©aux des sociĂ©tĂ©s. Il se dĂ©finit lui mĂȘme comme blanc, mĂąle, juif et homosexuel.
Costume raffinĂ©, maquillage sophistiquĂ©, marche et mouvements dĂ©licats sont les maĂźtres mots de ses performances. LâidĂ©e câest de choquer pour rĂ©vĂ©ler les failles et pour tenter dâĂ©claircir ce monde enfoui sous les couches de la fausse biensĂ©ance.
Quand il se recouvre le visage de maquillage, il dit quâil met son masque uniquement pour cacher sa peur. Car oui, ce que fait Steven Cohen, câest prendre des risques. Et ça lui fait peur. Ces actes ne sont pas plaisant Ă faire, mais il se sent obligĂ© de les faire. Car son rĂȘve, câest que les personnes queer naissent dans un monde qui est aussi construit pour elles. Ătre queer, câest ce qui le rend diffĂ©rent, mais diffĂ©rent au mĂȘme titre que lâautre est diffĂ©rent. Et tant que cette sociĂ©tĂ© nâadvient pas, il continuera Ă se mener la vie dure.đâ
Dans la performance Chandelier, Steven Cohen marche dans un townships (quartiers pauvres et sous Ă©quipĂ©s rĂ©servĂ©s au non-blanc) de Johannesburg (Afrique du Sud) en train dâĂȘtre dĂ©truit par des employĂ©s municipaux et vĂȘtu dâun chandelier-tutu clinquant, de talons noirs trĂšs hauts et dâun maquillage arborant lâĂ©toile juive. âĄïž
Ici, dans un pays encore marquĂ© par lâApartheid, lâartiste crĂ©e un complet contraste entre son identitĂ© et lâespace oĂč il dĂ©ambule. Il vient littĂ©ralement mettre en lumiĂšre les endroits dĂ©favorisĂ©s et privĂ©s parfois dâĂ©lectricitĂ© par une provocation douce. Prompt aux dĂ©sĂ©quilibres, il met en avant la fragilitĂ© et le danger de son action en venant sublimer la douleur sociale. Le corps comme symbole de lâĂȘtre devient alors un marqueur politique puissant. Câest lâultime Ă©preuve de la tolĂ©rance sur la sociĂ©tĂ©.
Aussi, lâaction de la marche, aussi simple paraĂźt-elle, ne lâest pas. Lâartiste dit que câest "spectaculaire". Câest ce qui nous dĂ©finit en tant quâhumain. Le simple fait de marcher devient une danse qui cĂ©lĂšbre le fait dâĂȘtre en vie. Dans chacune de ses performances, il explore diffĂ©rentes maniĂšres de marcher Ă partir de trois Ă©lĂ©ments : la hauteur, le poids et le fait de marcher seul.đ¶ââïž
Et si lâon pourrait croire que le costume est ce quâil y a de plus important dans ses performances, il vous rĂ©pondra le contraire : pour lui, ce nâest pas ce quâon porte qui est important, mais câest ce quâon enlĂšve.
Les oeuvres de Steven Cohen subliment les violences et les contradictions de nos sociĂ©tĂ©s par la beautĂ© et la dĂ©licatesse. Elles sont douloureuses Ă regarder tout autant que magnifiques car elles transcendent toutes les barriĂšres liĂ©es Ă son identitĂ©. Il espĂšre que ses oeuvre sĂšment des graines de conscience dans lâoptique dâune (r)Ă©volution.
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