Jour â 16â±
Par ClĂ©mentđ
Parce que cette performance est un exemple percutant (mĂȘme saignant en fait!) du body-art des annĂ©es 70 et quâune fois nâest pas coutume, rĂ©visons nos classiques : Chris Burden - Shoot - 1971 đ„đ«
Chris Burden est un artiste amĂ©ricain nĂ© en 1946 Ă Boston. Il part faire ses Ă©tudes en Californie, fuyant la scĂšne foisonnante du Pop-Art de New-York des annĂ©es 60 et se tourne immĂ©diatement vers la performance. Pour son Ă©preuve de diplĂŽme en 1971, lâartiste sâenferme pendant 5 jours dans un casier dâĂ©tudiant : le scandale est crĂ©Ă© et il rĂ©ussit de justesse Ă obtenir son diplĂŽme. Mais il ne sâarrĂȘte Ă©videment pas lĂ . âïž
Quelques mois plus tard, lâartiste demande Ă un ami de lui tirer dessus avec une arme Ă feu. Câest Shoot. Le nom de lâoeuvre porte dĂ©jĂ les marques dâun ordre, dâune injonction : « Tire ou câest moi qui le fait ». Câest une dĂ©monstration de force, de virilitĂ©. đȘ Pour lui, une chose est sĂ»re : lâart nâest pas fixe mais Ă©phĂ©mĂšre et il doit ĂȘtre en lien avec le changement social, politique et environnemental. Les mass-mĂ©dias sâemparent de lâoeuvre en faisant de lui un martyr et un masochiste morbide.đ° Mais ce statut lĂ ne lâintĂ©resse absolument pas et ce ne sont aucunement les raisons pour lesquelles il rĂ©alise cet acte. Le choc nâest utilisĂ© que pour ses visĂ©es cathartiques et il cherche Ă mettre en avant des tensions liĂ©es Ă des jeux politiques. Contestataire donc, mais pas que. Il utilise la peur et la douleur pour « dynamiser » la situation, la rendre palpable et banale dans lâoptique de la rendre rĂ©elle. Il considĂšre la performance comme une sculpture associĂ©e Ă la notion de temps et dira simplement « A cet instant, jâĂ©tais une sculpture ».
Dans cette performance il nâest aucunement question quâil soit tuĂ©. Tout est calculĂ©. En aucun cas, il cherche Ă faire du sensationnel. La plupart du temps, les gens prĂ©sents sont ceux qui lâaident Ă la rĂ©alisation. Dâailleurs, il nây a que trĂšs peu de traces de cet oeuvre seulement quelques photographies, une courte vidĂ©o et surtout beaucoup de bruit !đŁ
Câest ce qui est intĂ©ressant dans la performance, câest justement ces lĂ©gendes qui lâentourent. TrĂšs peu de gens y assistent. La plupart du temps, ce qui nous reste ce sont des rĂ©cits, des souvenirs trĂšs probablement altĂ©rĂ©s par les Ă©motions et les sensations. La performance sâĂ©crit avec la mystification quâelle induit. Câest le cas, poussĂ© Ă lâextrĂȘme, de son oeuvre « PortĂ© disparu, les 22 â 24 dĂ©cembre 1971, jâai disparu pendant trois jours sans laisser dâinformations Ă quiconque. Pendant ces trois jours, les lieux que jâai traversĂ©s Ă©taient inconnus ». Il nây a aucune trace. Aucune.đ¶
La performance est Ă©phĂ©mĂšre et ne se reproduit pas, elle se vit : câest un "one shoot" !
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