Jour — 19 ⏱
Par Marjorie ☘️
Parce que ça parle de vulnérabilité, et de force, voici :
Yoko Ono, Cut piece - 1964
🇯🇵 Yoko Ono est une figure majeure de la scène artistique underground new-yorkaise des années 1960. Artiste du groupe Fluxus, femme de John Lennon, elle réalise dans son pays le Japon la performance Cut piece, œuvre à la sensibilité extrême, pièce revendicatrice, dans laquelle elle s'engage pour la réappropriation de son propre corps de femme.
Assise dans la pose traditionnelle d’une femme japonaise, vêtue d'un beau costume et une paire de ciseaux posée devant elle, Yoko Ono attend. 👘 Le public reçoit pour instruction de s'approcher d'elle à tour de rôle et d'utiliser les ciseaux pour découper un morceau de ses vêtements, il est invité à le garder. Yoko Ono reste immobile, impassible jusqu'à ce que la performance se termine et qu'elle parte en toute discrétion et délicatesse. Cette immobilité est symbole de la passivité et de la vulnérabilité d’une femme face aux violences sexistes et racistes.
Cette performance aux allures légères et délicates est un acte puissant et impactant. Laisser son corps aux mains d'un public, de nombreux artistes l'ont expérimenté, ce n'est pas pour rien. Par ce geste, l'artiste confronte la personne à sa responsabilité : vont-ils la mettre nue ou lui laisser quelques vêtements ? Où se situe la pudeur et la dignité dans cet acte poétique ?
✂️ Yoko Ono a refait cette performance en 2003 à Paris avec un élan différent : « A la suite des changements politiques intervenus après le 11 septembre 2001, je me suis sentie terriblement vulnérable, comme si la brise la plus légère pouvait me faire pleurer. « Cut Piece » exprime mon espoir pour la paix dans le monde. Lorsque j’ai présenté ce travail pour la première fois en 1964, j’étais animée par un certain sentiment de colère. Cette fois-ci, je le présente avec amour, pour vous, pour moi et pour le monde »
