Jour - 25â±
Par Marjorieđ«
C'est un processus performatif que je vous présente avec l'artiste
Roman Opalka - 1965 / 1-â
đ§ Artiste franco-polonais, Roman Opalka travaille depuis toujours le rapport au temps qu'il tente de reprĂ©senter en peinture. Plus encore, il cherche Ă rendre perceptible un temps irrĂ©versible.
En 1965, son projet devient lâĆuvre de toute sa vie : reprĂ©senter lâĂ©coulement inexorable du temps dans un processus performatif. « Ma proposition fondamentale, programme de toute ma vie, se traduit dans un processus de travail enregistrant une progression qui est Ă la fois un document sur le temps et sa dĂ©finition. Une seule date, 1965, celle Ă laquelle jâai entrepris mon premier ''DĂ©tail''. »
âł Voici son protocole : Tous les jours il va peindre sur des toiles des chiffres en partant de 1 jusqu'Ă l'infini, ou plutĂŽt l'indĂ©fini. Sur la premiĂšre toile, le fond a Ă©tĂ© prĂ©parĂ© en noir et il inscrit Ă la peinture blanche en haut Ă gauche le chiffre 1 au moyen dâun pinceau n°0. đ Il dĂ©roule ensuite les nombres successifs jusquâau bas droit de la toile en saturant la surface du tableau. Leur suite se continue sur les toiles suivantes, de format identique, constituant les DĂ©tails dâune Ćuvre totale dont il ne sait pas quand elle s'achĂšvera. Le fond de chaque toile sâĂ©claircit de 1% de blanc par rapport Ă la prĂ©cĂ©dente de sorte que, Ă la fin, Ă la disparition dâOpalka, les chiffres sâinscrivent en blanc sur blanc: « Il faut prendre la mort comme rĂ©elle dimension de la vie. » â°ïž Lorsqu'il peint, OpaĆka s'enregistre sur bande magnĂ©tique, lisant, en polonais, les nombres qu'il est en train de peindre. Et Ă la fin de chaque sĂ©ance de travail, derniĂšre Ă©tape de son protocole, il se prend en photo sur fond blanc de la mĂȘme maniĂšre tous les jours. Ce rituel est pour lui une façon de rendre encore plus visible la dimension physique et humaine de son travail et lâĂ©coulement du temps sur lui-mĂȘme. âïž Sâil sâabsente de son atelier, Opalka poursuit sa progression de nombres, Ă la plume et Ă lâencre noire sur des feuilles de papier : ses cartes de voyage.
đ LâĆuvre se termine le 6 aoĂ»t 2011. Elle a durĂ© 46 ans, se compose de 231 toiles, de milliers dâautoportraits et dâheures dâenregistrement. Elle sâest conclue sur le chiffre 5 607 249.
Par ce processus performatif de toute une vie, Opalka transmet une Ćuvre qui est autant un tĂ©moignage sur le temps qu'une recherche de sa dĂ©finition en faisant d'une Ćuvre toute sa vie, et de sa vie une Ćuvre.
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