Jour 28â±
Par ClĂ©mentđŸ
Parce que je vois sa pratique comme un silence au milieu du brouhaha, je vous prĂ©sente : Andy Goldsworthy avec Rain Shadow đ€«
Andy Goldsworthy nait en 1956 en Angleterre. En parallĂšle de ses Ă©tudes en art il travaille dans la ferme dans laquelle il grandit ce qui influence beaucoup son travail. Il Ă©tudie lâart des annĂ©es 60 dont la volontĂ© est de sortir des galeries, dâaller travailler en direct, Ă lâextĂ©rieur. Il dĂ©couvre les performances de Joseph Beuys, mais aussi les artistes du LandArt comme Richard Long. Câest donc naturellement quâil se situe dans lâart dit environnemental.đ§
Lâartiste considĂšre son oeuvre avant tout comme un long apprentissage quotidien, acharnĂ© et incessant, qui se confond avec sa vie. Il note dans son carnet le progrĂšs de sa « comprĂ©hension » du monde naturel : « comprendre » le mot revient toujours, mais comprendre par dâautres voies que celle de la pensĂ©e abstraite, comprendre afin de pouvoir « montrer ce qui est dĂ©jĂ là », ou encore, « provoquer lâinnocence de lâoeil ».đ Il travaille alors Ă lâĂ©conomie maximale des moyens. Il aime travailler Ă rĂ©vĂ©ler (ou Ă comprendre!) ce quâil y a dĂ©jĂ sur les lieux sans avoir besoin dâapporter des matĂ©riaux ou des instruments. Pour fixer ses oeuvres il utilise lâeau trouvĂ©e sur place ou des Ă©pines, des tuyaux de plumes ou de lâherbe, parfois mĂȘme sa propre salive. đŠą
đŠđ€ Lâoeuvre qui nĂ©cessite probablement le moins dâĂ©lĂ©ment est Rain Shadow. Le principe est terriblement simple, lorsque quâil commence Ă pleuvoir ou Ă neiger, il sâallonge sur le sol afin dây imprimer lâempreinte de son corps dans une silhouette restĂ©e sĂšche. Il immortalise lâinstant en le photographiant. Il dit dâailleurs quâil est photographe car câest ce quâil vend aux galeries (son gagne-pain) et câest ce qui reste de son oeuvre car, en effet, une fois lâhumiditĂ© Ă©vaporĂ©e ou bien sâil continue de pleuvoir ou de neiger, lâoeuvre disparaĂźt totalement. Et câest bien lĂ une des spĂ©cificitĂ©s de lâoeuvre de Goldsworthy : le temps Ă©phĂ©mĂšre et changeant. Le principe de « Rain Shadow », il lâa reproduit Ă diffĂ©rents endroits dans le monde, dans des paysages totalement naturels, dans des champs, sur des routes, dans la ville, sur des marches etc⊠Cette trace est le souvenir dâun corps qui sâest allongĂ© un instant sur le sol. Un souvenir court, fugace qui ne reste pas mais qui peut se reproduire. Ici lâoeuvre ne met pas longtemps Ă se mettre en place, câest une action simple avec son propre corps que nâimporte qui peut effectuer. Mais dans dâautres oeuvres toutes aussi Ă©phĂ©mĂšres (notamment avec la glace) il lui arrive de passer des heures entiĂšres Ă les confectionner pour quâelles ne tiennent que quelques minutes. Sur le principe dâempreinte, il a aussi crĂ©Ă© des Ombres GelĂ©es oĂč, dans un environnement froid, il se tient debout crĂ©ant une zone de fraĂźcheur avec son ombre propice au dĂ©veloppement de la glace que le soleil fait fondre tout autour.âïž
Son oeuvre poétique et son engagement à comprendre la nature vient nous interroger sur les liens qui nous resserre à la terre. Un silence précieux, irremplaçable mais surement pas muet.
- C'est d'une humilité à couper le souffle :
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