Par Marjorieđ«
Une question de peau avec Nicola L., artiste marocaine née en 1937 qui travaille et vit à New-York.
Depuis le milieu des annĂ©es 1960, Nicola L. interroge l'intĂ©gration du corps humain avec l'Ćuvre d'art, dĂ©veloppant des Ćuvres conceptuelles, des objets fonctionnels, des installations, des performances et des films.
đ©AprĂšs des Ă©tudes de peinture aux Beaux Arts de Paris, c'est sa rencontre en 1964 avec l'artiste argentin Alberto Greco qui la pousse Ă abandonner la peinture. Elle rĂ©alise alors ses «PĂ©nĂ©trables», une sĂ©rie de toiles dans lesquelles les spectateurs peuvent introduire des parties de leur corps et pĂ©nĂ©trer dans la peau du tableau. Elle dĂ©veloppe alors lâidĂ©e dâune Ćuvre dâart Ă expĂ©rimenter physiquement.đđ Son travail conceptuel s'articule autour de la notion de faire corps. Câest une recherche sur comment habiter un espace collectivement, organiquement, et le voir sous l'angle d'une seconde peau commune.
DerriĂšre le caractĂšre ludique, ces Ćuvres ont donc Ă©tĂ© conçues comme une dĂ©claration politique pour aborder les questions des frontiĂšres humaines et sociales. đ€
Ce questionnement est au cĆur de la performance The Red Coat : Same Skin for Everyone. RĂ©alisĂ©e en 1969 pour un concert des musiciens brĂ©siliens Gilberto Gil et Caetano Veloso, The red coat est un manteau en vinyle rouge conçu pour ĂȘtre portĂ© par onze personnes en mĂȘme temps. Durant lâĂ©vĂ©nement, elle distribuait des gants portant le message « MĂȘme peau pour tout le monde », qui deviendra le titre de cette performance.
đŁUn musicien jouant des airs de jazz accompagne ce manteau rouge qui se dĂ©place, dĂ©ambule et traverse les espaces afin d'interroger le regard.đș InfluencĂ©e par le contexte sociopolitique de ces annĂ©es, cette performance est improvisĂ©e par la suite dans de nombreuses villes pour expĂ©rimenter la maniĂšre dont lâĆuvre d'art interagit avec les autres et avec l'espace public.
đ¶ââïžđ¶ââïžđ¶Un autre Red Coat a Ă©tĂ© portĂ© sur les pentes enneigĂ©es des Alpes françaises, 11 skieurs professionnels essayant de skier collectivement avec. Un manteau noir dĂ©diĂ© Ă la mĂ©moire des femmes (dont Jeanne d'Arc ou Frida Kahlo) voit le jour en 1995 ainsi qu'une cape bleue en 2001 symbolisant la paix et la coopĂ©ration.
En incitant au dĂ©sir de partager une peau commune, Nicola L. propose une expĂ©rience collective dans laquelle les gens doivent changer et sâadapter afin de pouvoir marcher ensemble et enfin se rassembler.
Site de l'artiste : http://nicolal.com/
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