JOUR â 6â±
Par ClĂ©ment đ
Parce que je trouve lâabsurde dâune extrĂȘme pertinence et que sa folie me rend admiratif je vous prĂ©sente aujourdâhui : Ben Vautier - Regardez moi, cela suffit (et autres performances)
đOn le connait pour sa calligraphie reconnaissable entre toute et pour avoir Ă©crit sur des milliers de produits dĂ©rivĂ©s qui ont marquĂ© notre enfance (trousse; stylo plume; agenda; cahier; tasse;âŠ).
Mais Ben, câest surtout un artiste majeur de la performance artistique. Faisant partie du mouvement Fluxus (humour et dĂ©rision au centre de lâoeuvre, questionnement sur le rĂŽle de lâartiste et de la place de lâart dans la sociĂ©tĂ©; anti-art ou art-distraction pour faire TRES court!), il commence ses "sculptures vivantes" en 1959. Le principe ? âïž IL SIGNE TOUT !
La signature comme marque de lâartiste, la marque de lâart : ce quâil signe devient oeuvre dâart. Il se met donc Ă signer des gens dans la rue, ses amis, sa famille⊠sa propre fille ! Puis, comme cela ne lui suffit plus, il va se mettre Ă signer tout un tas de choses : des trous (Faire un trou dans un mur, 1960), des coups de pieds (1961), Dieu (Jeter Dieu Ă la mer, 1962), la ligne dâhorizon (1962),âŠ
Il dĂ©veloppe la notion dâappropriation en proclamant que tout est art et quâen art, tout est possible. Câest lâartiste qui sâapproprie le monde. Tout peut lui appartenir, tout peut devenir art. JusquâĂ se rendre lui mĂȘme oeuvre dâart Ă plusieurs reprises : dans Regardez-moi, cela suffit (1960-1963), Vivre 15 jours dans une vitrine (1962), Centre du monde (1962), Sourire (1964),âŠ
Totalement absurde, absolument impertinent et complĂštement provocateur. Il va mĂȘme jusquâĂ signer les oeuvres dâautres artistes (Signer les tableaux des autres, 1963). đŒ
La limite entre lâart et la vie est abolie. Lâoeuvre est absolue et infinie.
Cela va alors donner des oeuvres dâart dâune extrĂȘme violence (mais toujours avec une pointe de rigolade!) comme dans Me battre en 1969 : "Jâannonce une action. Je regarde le public en silence pendant 2 minutes. Puis jâenlĂšve ma veste, je retrousse mes manches, et, accompagnĂ© de la musique du western "Ringo" ou "Pour quelques dollars de plus" je me jette sur le public que je frappe trĂšs fort". Ou encore Me cogner la tĂȘte contre un mur oĂč comme vous lâaurez compris, il frappe sa tĂȘte contre un mur jusquâĂ ce que le sang coule. đ
Son oeuvre nâest pas novatrice, il avoue lui mĂȘme avoir copiĂ©. Câest plutĂŽt son audace Ă pousser Ă lâextrĂȘme la consigne de lâĂ©go qui nous interpelle. Il dĂ©complexe le public face Ă lâart par lâhumour, le je(u) et lâabsurde rendant son oeuvre puissante, gĂ©nĂ©reuse et accessible.
-PDF retraçant quelques-unes de ses performances (avec images) : http://www.ben-vautier.com/50performanceben.pdf
-Site internet de Ben Vautier : http://www.ben-vautier.com
-Fondation du doute : https://www.fondationdudoute.fr
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